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International Organization Information / Research: 1973


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Rapport Moral et Intellectuel de l'Union des Associations Internationales par le Secrétaire-Général
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Rapport

Les faits vont vite, de nos jours. Et même si vite que la situation internationale et transnationale peut véritablement bouger et changer d'une session de notre Comité directeur à une autre. Je ne pense pas ici au vieux phénomène de la guerre et de la paix, d'un accident dans le cours normal des relations entre Etats, mais de la véritable révolution qui s'opère dans le réseau universel des relations humaines à travers les frontières, au-delà des cadres nationaux.

Une éminente personnalité européenne, M. Jean Rey, ancien président des Communautés, faisait remarquer l'autre jour à la Conférence européenne de la Fédération mondiale pour les Nations-Unies que le concept même des Nations-Unies était déjà dépassé. Cela ne me paraît pas douteux. Jean Rey pensait aux nouveaux groupements d'Etats. Je pense aux groupements indépendants des Etats. Les Etats-nations n'ont plus le privilège exclusif du pourvoir national et international. En apparence, les Etats-nations sont encore les maîtres du jeu. En fait et de plus en plus, ils doivent compter avec l'opinion, avec les peuples, avec les groupes de pression, avec les intérèts.

Nous savons cela vous et moi, ce n'est pas nouveau pour nous qui sommes dans le bain de l'organisation non-gouvernementale. Mais il n'est même pas certain qu'à part d'un petit groupe d'initiés, les *** ONG elles-mêmes aient déjà pris conscience de la transformation des relations internationales et de l'évolution vers la transnationalité.

J'ai rencontré l'autre jour un des grands maîtres des puissantes sociétés d'assurance, qui allait présider à Paris le sommet des assureurs des Dix pays de la Communauté. Il connaissait notre Institut, ses activités, ses projets et ses besoins. Je l'en avais entretenu l'an dernier et il m'avait répondu que la corporation des assureurs était encore relativement indifférente à l'esprit de coopération au-delà de son secteur et de ses solidarités d'affaires. Cette fois, il m'a dit avoir constaté une certaine ouverture de curiosité et d'intérèt en tous cas au niveau le plus élevé, chez les plus grands. C'est une constatation que nous pouvons faire dans d'autres secteurs.

Je crois vraiement qu'une mentalité est en train de changer, lentement mais sûrement. Le gros de l'opinion ne le sait pas encore. Le personnel des Etats sait peu. Les universités éprouvent le besoin de savoir et c'est peut-être l'élément nouveau le plus important. Enfin la fonction internationale semble marquer plus d'intérêt au secteur privé que précédemment.

Le problème de la révision de la consultation est posé. Il est posé par la résolution du 3 juin de l'an dernier ayant trait à la contribution des ONG, aux programmes de la stratégie au développement et par l'interprétation extensive que le président de l'Ecosoc a donné de cette résolution sous l'inspiration du Secrétariat, semble-t-il. Il est surtout posé par la nécessité où se trouvent les organisations intergouvernementales de se procurer des concours scientifiques et des ressources en dehors des Etats.

Les documents de la FAO, spécialement de son Comité de liaison avec l'industrie, font état de sommes considérables pour assurer la subsistance du monde pour les dix prochaines années et ils indiquent clairement la source principale des fonds requis : les sociétés multinationales.

Sur le plan scientifique, la coopération des deux secteurs, le public et le privé, est la condition du succès des programmes. J'en ai acquis la conviction par mes entretiens avec les chefs de l'administration internationale.

Le sous-secrétaire d'Etat Philippe de Seynes m'a dit le cas qu'il faisait de la Chambre de commerce internationale avec laquelle il a établi des relations spéciales. J'ai ainsi appris que la Chambre de commerce, à l'exemple de la Commission économique des Nations-Unies pour l'Europe, était un trait d'union entre les deux systèmes économiques et sociaux, entre l'économie de marché et l'économie socialiste.

A la vérité, nous vivons un moment de perplexité où tous le monde s'interroge, Etats, organisations, universités, associations et particuliers, sur les évolustions en cours et les orientations à prendre.

Et comme il arrive à ces heures d'hésitation, dans le brouillard des incertitudes, on cherche des points de repère. Notre institut apparaît comme un de ces points de repère et mieux encore comme un lieu de réflexion. Nous voyons bien cela par tous les avis qui nous sont demandés. La dernière sollicitation en date est celle du Conseil de l'Europe qui nous propose une journée de travail à Strasbourg pour mettre un peu d'ordre dans la consultation des ONG.

A l'évidence, c'est aux instants de transformation des relations humaines qu'un Institut comme le nôtre prouve sa raison d'être et justifie son existance.

Lors de la table ronde que nous avons tenue à Genève en octobre dernier, les représentants présents des ONG et de l'organisation intergouvernementale s'accordaient à dire que si l'UAI n'existait pas il faudrait l'inventer.

Mais cette raison sociale nous confère des responsabilités morales et intellectuelles. Institut d'étude et de recherches d'un part, institut de services d'autre part, nous ne pouvons pas nous borner à ce que j'appellerais un travail ordinaire, à un service de référence et de documentation, à des publications d'intérêt pratique.

Loin de moi l'idée de mépriser cet ordinaire qui assure notre subsistance et notre indépendance et qui nous donne les moyens de faire autre chose. Je vis de bonne soupe et non de beau langage, disait Molière.

Notre bonne soupe, c'est le produit de la vente de nos publications et de la publicité qui s'y attache. Comptez sur le Secrétariat de l'UAI pour veiller à cette intendance qui ne suit pas aussi facilement que le général le prétendait.

Mais cet ordinaire une fois assuré, nous avons le devoir de la dépasser pour faire quelque chose de moins ordinaire, de plus extraordinaire. C'est ce sentiment qui nous a inspiré l'idée du Séminaire de réflexion qui va pouvoir s'ouvrir demain dans cette ville grâce à la sollicitude de notre président et à l'aide de la Société italienne de l'organisation internationale qu'il dirige.

L'organisation de l'Eglise catholique distingue entre les petits et les grands séminaires. Je me suis documenté à ce sujet. Les petits séminaires sont des écoles secondaires où l'on élève les enfants en vue du recrutement du clergé. Les grands séminaires sont des établissements diocésains où l'on prépare les jeunes clercs à recevoir les ordes.

Notre séminaire de Turin, il y a deux ans, fut en ce sens, un petit séminaire ayant pour objet la formation des cadres. Nous avons pensé que les circonstances nous obligeaient à organiser un grand séminaire où l'on puisse préparer les clercs de l'organisation internationale à recevoir les ordres de la nouvelle société internationale et transnationale - l'ordre international public et l'ordre international privé.

Vous savez, la comparaison pourrait être poussée assez loin. Ainsi il y a à Rome un séminaire de la Propagande, de la propagation de la foi. Je voudrais que de notre Séminaire de Milan propage la foi dans la nouvelle société humaine et dans son organisation oecuménique. Le Séminaire de Milan est déjà un succès de participation. 65 personnes autour d'une table ronde, c'est plus que nous n'avions imaginé. Il nous plait aussi que cette participation se répartisse dans de bonnes proportions entre les représentants des ONG et ceux des organisations inter-gouvernementales, des fondations, des universités, de la jeunesse et des sociétés multinationales.

Il est signifiant que toutes les grandes institutions spécialisées des Nations-Unies nous aient donné leur patronage. Mais je tiens pour caractéristique qu'un très grand nombre d'associations ait été empêché de venir pour des raisons diverses et d'abord d'indisponibilité, et que ces associations nous en aient exprimé le plus vif regret en nous demandant de les instruire des résultats du Séminaire.

Car le Séminaire est appelé dans notre esprit à avoir des lendemains. On en attend les conclusions. Il émettra des idées. Les hommes d'études et les hommes d'action confronteront leurs vues. Notre Secrétariat en fera le compte-rendu analytique et puis, autant que possible, une certaine synthèse. Nous devrons diffuser ces travaux. Déjà on nous a demandé d'en faire l'exposé ici et là. Et d'abord à une réunion des ONG de l'Ecosoc.

Notre revue mensuelle, Associations Internationales, qui a été un instrument de préparation du Séminaire, en sera un instrument de diffusion.

Nous avons de l'ambition pour notre Revue. Nous voudrions qu'elle devienne une sorte de moniteur universel du mouvement international et transnational, le mot moniteur étant pris ici dans son sense étymologique de conseiller, de guide pour les associations internationales.

Monsieur le Président,

J'arrète ici ce monologue. Je devais à notre Comité ce tracé de la ligne que nous suivons **** Nous comptons beaucop sur le concours de chacun de vous pour nous aider. Nous avons essayé de vous tenir au courant de nos activités. Nous continuerons. Certains d'entre vous ont apporté leur collaboration à notre Revue. Qu'ils en soient remerciés et qu'ils entretiennent cette liaison avec l'Institut.


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